Comment la filière sanitaire fait face aux successives hausses de tarifs

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Les augmentations des prix des produits sont en train de modifier les méthodes de travail, ainsi que les rapports de force entre chaque maillon de la filière, qui tous ont un œil sur les cours des matières premières. Mais celles-ci ne sont pas les seules en cause, cette inflation étant véritablement multifactorielle et susceptible de durer.

Bois, laiton, cuivre, zinc, acier, aluminium, gaz, plastiques…, les industriels ont, plus que jamais, les yeux rivés sur les cours des matières premières. Ils ne sont pas les seuls : des distributeurs s’y collent, que ce soit pour leurs produits sous marques propres ou pour mieux comprendre les hausses pratiquées par leurs fournisseurs ; les installateurs aussi, qui cherchent à saisir comment les prix peuvent varier à ce point.

Spéculation, énergie, transport…

Ces augmentations de prix ne datent pas de 2022. Elles ont démarré dès la fin de l’année 2020, quand, à cause du Covid, le coût du transport s’est envolé, avec des containers de vingt pieds à 12 000 euros au lieu de 2 000. Il pèse sur le prix des marchandises jusqu’à 30 % parfois, au lieu de 5 % habituellement, et provoque des rattrapages inattendus : ainsi, sur le polyéthylène, les problèmes de fret ayant limité la concurrence asiatique (coréenne), les fournisseurs européens n’ont pas manqué de relever leurs tarifs, loi du marché oblige…

L’impact du transport sur les produits d’importation est élevé, sauf à s’approvisionner en Europe, qui ne subit que la hausse des carburants, sans commune mesure. Des achats sont donc relocalisés sur le Vieux Continent, qui réduisent les délais d’approvisionnement, passés de trois mois à trois semaines, ainsi que les volumes de stockage. Du moins quand la récente crise énergétique le permet, qui renchérit par exemple les prix de la céramique sanitaire venue d’Europe de l’Est, mais pas celle en provenance du Maroc, d’Egypte, de Tunisie (qui brûlent du gaz algérien). Les matières premières, elles, sont avant tout soumises à la spéculation. Tandis que l’inflation récente en Europe conduit déjà les multinationales à augmenter les salaires dans plusieurs pays, ce qui va bientôt ajouter aux coûts des produits.

Décortiquer les produits pour contrôler les prix

Tous les maillons de la filière sont-ils soumis à la même pression ? Pas vraiment. Plus on est proche de la matière première (en particulier quand on la vend), plus on est gagnant, et plus on est puissant, moins on perd. C’est donc plus compliqué pour la distribution par rapport à l’industrie, pour les petits fabricants versus les gros…

« Les grandes marques nous font subir leur pression », dénonce un distributeur. Certains d’entre eux, y compris le négoce, décortiquent les produits pour évaluer la part des matières premières dans leurs coûts et, grâce au suivi des cours, cherchent à contrôler les hausses de tarifs des industriels : « On joue la défense, à coup de graphiques et de tableaux. » Néanmoins, la concurrence est forte et, du sommet au bas de la filière, les hausses de tarifs ne sont pas systématiquement et entièrement répercutées au niveau suivant, du fabricant vers le distributeur, et du distributeur vers le consommateur dans la distribution grand public et vers l’installateur dans le circuit professionnel.

Une transparence nouvelle

Dans le négoce, qui maintient les niveaux de remises aux installateurs, certaines enseignes bloquent les prix dès lors que les commandes sont fermes. D’autres informent sur les hausses à venir en distribuant des tableaux mensuels où elles sont détaillées, établies marque par marque et, pour chacune d’elle, gamme par gamme. Les délais d’application des augmentations sont de deux mois, qui permettent aux professionnels d’anticiper sur les devis, et au négoce de faire des promos avant la hausse.

L’érosion des marges

Les installateurs aussi s’intéressent aux cours des matières premières. Parce qu’ils qui travaillent avec de nombreuses marques, ils voient les hausses de tarifs arriver en cascade. L’incompréhension domine face aux majorations subies, notamment quand il s’agit de produits déjà commandés, mais en retard de livraison… Lorsque le consommateur rechigne, ou bien à sa demande, ils n’hésitent pas à changer leurs habitudes et à laisser tomber la marque leader et réputée pour choisir une MDD ou un challenger dont les tarifs sont inférieurs. Bien sûr, les durées de validité des devis se sont réduites, à un mois au mieux, voire à quinze jours seulement.

Nombre d’installateurs se plaignent de l’érosion de leurs marges, à laquelle contribue la hausse des prix des carburants, que tous ne répercutent pas. S’ils le font, c’est en réduisant leur rayon d’action et en jouant sur leurs taux horaires, qu’ils font progresser en fonction de la distance du chantier (44 euros à moins de 5 km, 45 euros entre 5 et 10 km, 46 euros entre 10 et 15 km). Mais les coûts de main d’œuvre ont déjà grimpé, conséquence de la pénurie de personnel qualifié qui oblige à une revalorisation des salaires, laquelle implique d’améliorer la productivité ou de renoncer à certains chantiers.

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